Un parcours historique marquant

Les banques centrales et l'or ont une longue histoire commune, bien que l'utilisation de l'or comme monnaie soit bien antérieure à la création des autorités monétaires. L'utilisation de l'or par les banques centrales a joué un rôle clé dans le façonnage du monde moderne. L'impressionnante expansion économique mondiale entre la fin des guerres napoléoniennes (1815) et la première guerre mondiale (1914) a été rendue possible en partie par l'introduction de l'Étalon-Or. Ce système monétaire a permis une stabilité monétaire favorisant le développement du commerce et des investissements mondiaux.

La standardisation de l'or et ses implications

L'Étalon-Or, couplé à la découverte de massifs dépôts d'or en Amériques, en Afrique du Sud et en Australasie, a stimulé l'expansion mondiale en dopant l'approvisionnement monétaire. Ce système a été principalement régulé par la Banque d'Angleterre avec la collaboration d'autres banques centrales. Cependant, la première guerre mondiale a marqué la fin de cette ère, la plupart des nations belligérantes ayant suspendu la convertibilité libre de l'or.

La réintroduction mitigée de l'étalon or

Dans l'entre-deux-guerres, le rétablissement de l'Étalon-Or par certains pays a connu un succès mitigé. Face aux pressions de la Grande Dépression, de plus en plus de pays ont dû abandonner l'Étalon-Or au début des années 1930.

L'or, pilier du système de Bretton Woods

Après la seconde guerre mondiale, le système de Bretton Woods a été mis en place avec, une fois de plus, l'or jouant un rôle central dans les politiques adoptées par les principales banques centrales du monde. Bretton Woods reposait sur un ancrage implicite des monnaies à l'or. Les devises des banques centrales participantes étaient soit indexées sur le dollar américain, soit directement sur l'or. Cependant, le système de Bretton Woods a connu une fin prématurée en 1971 en raison de contradictions et de tensions inhérentes au système.

L'évolution du rôle de l'or après Bretton Woods

Libéré des contraintes de Bretton Woods, l'or a connu une hausse considérable pour le reste de la décennie, stimulée en grande partie par l'inflation à deux chiffres alors que les banques centrales menaient des politiques expansionnistes. Le dénouement de Bretton Woods a résulté en un retrait de l'or du centre de l'échiquier financier international. Cependant, plus de cinq décennies après l'effondrement du système de Bretton Woods, l'or continue de jouer un rôle utile dans le système financier international et constitue une part notable des réserves de change mondiales.

L'importance des réserves d'or des banques centrales

Les achats d'or par le secteur officiel sont une composante importante (bien que parfois peu discutée) de la demande en or. En effet, les banques centrales sont les plus grandes détentrices d'or au monde et leurs décisions de vente et d'achat peuvent avoir un impact significatif sur les prix. Chaque banque centrale indépendante dans le monde détient au moins une certaine quantité d'or.

Les raisons d'acheter de l'or

L'année dernière, les banques centrales ont accumulé de l'or à un rythme jamais vu depuis la fin des années 1960, une période où le système de Bretton Woods touchait à sa fin. L'officialisation de la fin de la guerre froide en 1991 a réduit les risques géopolitiques et inauguré une ère de prospérité et de commerce mondial accru, reléguant l'or au second plan. Cependant, la crise financière mondiale de 2008 semble avoir remis l'or à l'ordre du jour des investisseurs, y compris des banques centrales.

Anatomie des réserves d'or

 Répartition Inégale et Variée

Les réserves d'or des banques centrales sont caractérisées par une distribution large, variée et inégale des avoirs. En moyenne, les gouvernements détiennent environ 10 % de leurs réserves officielles sous forme d'or, mais cette proportion varie considérablement d'un pays à l'autre.

Parmi les plus grands détenteurs, nous trouvons des acteurs majeurs tels que le plus grand détenteur d'or du secteur officiel dans le monde, avec une part de près d'un quart de l'or des banques centrales. Certains pays de la zone euro, y compris la Banque centrale européenne (BCE), possèdent également d'importantes quantités d'or.

Accords et Engagements

L'Accord sur l'or de la Banque centrale (CBGA), signé par un sous-ensemble de la zone euro, régulait les ventes de signataires depuis 1999 et était prolongé tous les cinq ans pendant 20 ans, ayant officiellement pris fin en septembre 2019. Les membres de ce groupe étaient d'importants vendeurs dans les années 1990 et la première décennie de ce siècle, et leurs schémas de vente ont joué un rôle dans le marché baissier pendant une grande partie de cette période.

Marchés Émergents et Banques OCDE

Malgré les achats robustes effectués ces dernières années par les banques centrales des marchés émergents (EM), les avoirs continuent d'être surpondérés en faveur des banques de l'OCDE. Les banques centrales non-OCDE telles que la Banque populaire de Chine (PBoC) et la Reserve Bank of India progressent dans les classements en termes de propriété d'or de la banque centrale.

Malgré son ancienneté, l'or reste un élément utile et solide du portefeuille d'une banque centrale. Les décisions d'allocation des gestionnaires de réserve concernant l'or dépendent de nombreux facteurs, y compris les objectifs politiques, la tolérance au risque, les coûts, etc. Mais le statut de l'or semble inébranlable. À mesure que l'économie mondiale continue d'évoluer, les incertitudes économiques et géopolitiques semblent augmenter, créant une atmosphère où les banques centrales peuvent continuer à chercher de l'or.